Créer un accès aux sources d’énergie propres et aux technologies de cuisson

Vue d’ensemble

Environ 4 milliards de personnes, soit environ la moitié de la population mondiale, n’ont toujours pas accès à des systèmes de cuisson modernes. Au lieu de cela, de nombreux ménages cuisinent sur des feux ouverts et de simples cuisinières au charbon de bois. Ces pratiques provoquent des problèmes de santé importants qui peuvent entraîner des maladies respiratoires et des décès prématurés, tout en contribuant à la dégradation des forêts pour le bois de chauffage et aux émissions de gaz à effet de serre (GES). C’est pourquoi plusieurs pays élaborent des politiques visant à améliorer l’accès aux technologies de cuisson propres (par exemple à l’énergie solaire ou électrique) et s’efforcent d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).

Mesures concrètes à mettre en œuvre

• Fixer des objectifs clairs et complets pour l’accès à la cuisson propre (par exemple en termes de pourcentage de la population ayant accès à des cuisinières propres) et/ou à des fourneaux efficaces plus performants, en mettant en œuvre des politiques favorables ainsi qu’un environnement réglementaire propice au développement d’un marché autosuffisant.
• Pour développer les combustibles et les technologies de cuisson propres, il faut se référer aux directives de l’OMS, qui donnent des conseils pour tirer le maximum d’avantages de la transition énergétique tout en préservant la santé humaine. Une fois que la disponibilité des combustibles et des technologies de cuisson propres est assurée, il faut mettre en place des politiques et des investissements gouvernementaux pour permettre leur extension. Ces solutions doivent tenir compte de la dimension de genre et répondre aux besoins locaux, tout en visant à assurer un accès universel à l’énergie propre, en tenant compte des comportements afin de garantir une adoption et une mise en œuvre réussies.
• Accroître le financement pour accélérer l’adoption de solutions de cuisson propres et surmonter les obstacles comme les contraintes en termes de liquidités, l’accès limité à des solutions de remplacement propres et le manque de disponibilité et de fiabilité de la livraison de combustibles propres. Il faut des ressources financières et technologiques adéquates pour stimuler l’innovation et identifier un ensemble de solutions de cuisson propre abordables et évolutives. Par exemple, les poêles à biomasse très performants peuvent constituer une amélioration importante ou une solution transitoire jusqu’à la mise en place d’infrastructures pour les options les plus propres (par exemple. électricité, gaz de pétrole liquéfié, éthanol, biogaz, énergie solaire).
• Fournir des incitations stables et à long terme pour déployer des solutions de cuisson propre et des fourneaux plus performants:
  • Offrir des incitations à la construction et à l’extension des technologies de cuisson propres. Ce point est important pour créer un environnement commercial qui attire les acteurs du secteur privé. L’allocation d’un financement prévisible et à long terme pour ces mesures peut contribuer à renforcer la confiance pour l’entrée sur le marché, en encourageant un réseau d’équipementiers et de distributeurs pour des solutions de cuisson modernes et propres dans les zones rurales et urbaines.
  • Offrir des incitations financières aux investisseurs privés pour développer une industrie et un marché de la cuisson propre. Certains de ces outils politiques pourraient être des fonds de capital, des subventions et des exonérations fiscales, afin d’encourager l’innovation, de développer les capacités, de fournir des solutions financières flexibles aux consommateurs finaux et de réaliser des économies d’échelle.

Mesures de gouvernance

• Créer une agence gouvernementale chargée de mener cette politique en réglementant, en recueillant des informations, en offrant du soutien et en accélérant le déploiement équitable de solutions de cuisson propre en s’appuyant sur un point focal de l’article 6 de la CCNUCC pour les solutions de cuisson propre (la CCNUCC est la voie par laquelle les gouvernements peuvent s’engager dans les marchés du carbone).
• Encourager la coordination et l’action multisectorielles entre les ministères de la Santé, du Climat et de l’Énergie. Une approche multisectorielle est essentielle pour impliquer diverses parties prenantes publiques et privées dans le domaine du développement et du climat, y compris, mais sans s’y limiter, les décideurs politiques en matière d’énergie, de santé, d’environnement et d’éducation. L’intégration de solutions de cuisson propres et de fourneaux à biomasse très efficaces contribuera à garantir un fort impact dans ces domaines ainsi que sur l’autonomisation et les moyens de subsistance des femmes.
• Créer un environnement réglementaire favorable à la croissance du secteur privé dans le domaine de la cuisson propre. Cela peut se faire, par exemple, en améliorant la qualification de la main-d’œuvre locale, en établissant des installations de production locales et des activités de recherche et de développement de produits, et en mettant en place une infrastructure électrique fiable.
• La mise en œuvre de politiques équitables de cuisson propre nécessite une collaboration étroite avec les communautés locales, les organisations non gouvernementales, les chefs de communautés, les groupes de femmes et les membres des ménages responsables de la cuisson. Ainsi, les gouvernements, les acteurs du secteur privé et les organisations locales qui constituent un capital social et culturel important au sein des communautés locales, en utilisant une approche participative et inclusive, pourraient mieux réussir à généraliser la cuisson propre. L’analyse et la compréhension des comportements devraient être intégrées dans les programmes et les politiques.
• Développer et renforcer des mesures de référence au niveau des ménages et des institutions, notamment des données nationales sur l’utilisation de l’énergie, les types de combustibles de cuisson, les quantités et les technologies. Il est essentiel de disposer de meilleures données de référence pour mesurer avec précision les progrès accomplis dans l’amélioration de l’accès à la cuisson propre.
• Améliorer le suivi de l’utilisation de l’énergie par les ménages, y compris les combustibles et technologies de cuisson primaires et complémentaires, ainsi que ceux utilisés pour le chauffage et l’éclairage. Il est essentiel d’améliorer le suivi pour mesurer avec précision les progrès accomplis sur la voie de l’accès universel à la cuisson propre. L’évaluation des impacts sur la santé humaine, l’environnement, le climat, l’égalité entre les sexes et les moyens de subsistance est cruciale pour comprendre la charge totale des combustibles polluants et des combinaisons de technologies.

Outils et systèmes MRV pour suivre les progrès

Avantages en matière d’atténuation

La combustion du bois de chauffage libère environ 1,0 à 1,2 gigatonnes (GtCO₂e) par an. Le passage à des technologies de cuisson et à des combustibles propres, ainsi qu’à des fourneaux à biomasse performants et efficaces, peut contribuer à atténuer ce phénomène en réduisant la déforestation et la dégradation des forêts. Dans les régions où l’on utilise des combustibles fossiles pour la cuisine et le chauffage, le passage à des solutions plus propres permettra également de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Autres avantages environnementaux

• Réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la combustion du bois et du charbon de bois, ainsi qu’une plus grande séquestration du carbone grâce à la réduction de la déforestation pour le bois de chauffage.
• Amélioration de la qualité de l’air grâce à la réduction des fumées, avec des effets positifs sur la santé, notamment une réduction des maladies respiratoires et des taux de mortalité prématurée dus à la pollution atmosphérique.

Co-bénéfices en termes d’adaptation

• Grâce à l’amélioration des techniques de cuisson, les ménages peuvent consacrer plus de temps aux loisirs, à la famille et aux activités économiques, ce qui peut se traduire par une meilleure qualité de vie.
• Améliorer la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des populations rurales en augmentant le temps et les ressources disponibles pour d’autres activités économiques. 
• L’engrais organique, qui est un produit dérivé du processus de production de biogaz, est utilisé dans les exploitations agricoles pour augmenter la production de cultures.
• En raison du changement climatique, la biomasse sera de moins en moins disponible. Une utilisation plus efficace de la biomasse permet donc d’économiser une ressource de plus en plus rare tout en soutenant la capacité d’adaptation des forêts.

Autres co-bénéfices en termes de développement durable

La transition vers des technologies de cuisson et des combustibles propres a un impact positif sur plusieurs ODD, notamment:

• ODD 1 (pas de pauvreté)
• ODD 3 (bonne santé et bien-être)
• ODD 5 (égalité entre les sexes)
• ODD 7 (énergie propre et d’un coût abordable)
• ODD 12 (production et consommation responsables)
• ODD 15 (vie terrestre)

Défis potentiels liés à la mise en œuvre, externalités et compromis

Les principales difficultés liées à la mise en œuvre sont notamment les suivantes:

• Les coûts initiaux élevés, l’accès limité au crédit et les les coûts permanents d’entretien sont les principaux obstacles à l’acquisition et à l’utilisation durable de cuisinières plus propres.
• Le manque de sensibilisation ou de connaissances préalables sur les cuisinières disponibles ou sur les conséquences de l’utilisation de cuisinières traditionnelles et inefficaces a entravé la transition vers des cuisinières plus propres.
• La variabilité des spécificités des comportements en matière de cuisson en fonction de la culture, de la géographie, de la saison, du type de combustible, des pratiques locales et des besoins en matière de cuisson constitue un défi pour la mise en œuvre de programmes de cuisson propre à grande échelle.

Mesures visant à remédier aux externalités potentielles et aux compromis

• Remédier aux contraintes liées à l’accessibilité financière (par exemple par le biais de programmes de prêts communautaires, de prêts à taux préférentiels, d’incitations tarifaires ou de réparations gratuites de cuisinières).
• Sensibiliser aux technologies et aux programmes relatifs aux cuisinières propres, notamment par des démonstrations de cuisson en public, des sessions de formation et des campagnes visant à faire connaître les avantages des cuisinières propres aux communautés.
• Veiller à ce que les programmes de cuisinières fournissent des appareils adaptés qui répondent aux besoins des ménages en matière de cuisson, en adoptant une approche inclusive et participative pour concevoir les programmes avec la communauté.

Coûts liés à la mise en œuvre

L’accès universel à la cuisson propre nécessiterait un investissement de 8 milliards de dollars par an dans les cuisinières et les infrastructures d’ici à 2030. Les technologies et combustibles de cuisson propres sont coûteux par rapport aux cuisinières et combustibles traditionnels. Dans la pratique, les gouvernements et les acteurs privés sont confrontés à des coûts initiaux élevés et les ménages à faibles revenus doivent faire face au coût initial de l’achat d’une cuisinière propre (par exemple, en Afrique subsaharienne, les appareils de cuisson propres coûtent entre 30 et 100 dollars), et payer l’entretien et les coûts récurrents. Cependant, certaines études suggèrent qu’à long terme, les énergies de cuisson propres ont le potentiel d’être compétitives et leurs avantages pourraient augmenter si l’on tient compte de leurs effets positifs sur l’environnement et la santé.

Exemples pratiques d’interventions

• L’Inde a mis en œuvre le programme Pradhan Mantri Ujjwala Yojana (PMUY) qui prévoit des subventions pour réduire le coût des raccordements au gaz de pétrole liquéfié et des recharges de bouteilles. 
• Le Programme d’aide à la gestion du secteur de l’énergie, dirigé par la Banque mondiale, a lancé son fonds de 500 millions de dollars afin d’accroître les investissements dans le secteur de la cuisson propre à l’échelle mondiale. Ce fonds vise à accroître les investissements publics et privés dans la cuisson propre en participant au financement (avec les opérations de prêt des banques multilatérales de développement), en catalysant l’innovation commerciale et technologique et en liant les mesures d’incitation à des résultats vérifiés. En vue de transformer le marché, le fonds devrait mobiliser 2 milliards de dollars d’investissements pour soutenir les entreprises qui proposent des solutions de cuisson propre.

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